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17 mai 2021

Comment vivre l’étape de l’adolescence

COMMENT GERER L’ETAPE DE L’ADOLESCENCE ?

 

Introduction

Sereine octave de Pâques à tous. J’adresse ma reconnaissance à Sr Mary et toute la communauté du noviciat pour cette initiative de formation pour nos animateurs et animatrices. Merci cette opportunité d’échange. Le thème proposé à notre réflexion est comment gérer l’étape de l’adolescence ? Je me suis demandée si tous les animateurs et animatrices sont adolescents ? Est-ce que tout le monde ici est adolescent, adolescent ? En quoi ce thème vous intéresse-t-il ?

  1. Description de l’étape de l’adolescence

L’adolescence vient du verbe latin, adoscere qui signifie grandir. C’est une phase du développement humain. Les psychologues décrivent l’adolescence comme une période, un passage entre l’enfance et l’âge adulte. Certains sociologues parlent de période sociale, une phase de transition où l’adolescent est reconnu comme un adulte capable d’assumer des responsabilités. En Afrique, cette étape correspond aux rites d’initiation qui marque ce passage à l’âge adulte. Malheureusement avec le phénomène de la globalisation, ses rites ne se font plus et ne sont pas non plus remplacés. Il y a donc le risque de demeurer éternellement adolescents.

L’adolescence commence avec la puberté, un processus biologique lié à des changements hormonaux importants conduisant à la maturité et à la capacité reproductrice. Les spécialistes disent que la puberté commence à partir de 15 ans et se termine à 18 ans. D’autres spécialistes situent l’adolescence entre 10 ans et 19 ans. Dans la réalité actuelle, cette période commence plus tôt se prolonge, 12 à 25ans à cause des transformations et contraintes sociales, économiques et culturelles (l’école et l’université, la recherche du travail etc.). Cet intervalle n’est pas statique et peut être relativement différent selon les personnes. Les filles commencent généralement la puberté un an avant les garçons. Durant cette période humaine, il y a d’importance changement au niveau du cerveau. Certains neurones se multiplient et d’autres meurent. On note la diminution de la matière grise (La substance – ou matière – grise est le lieu des opérations mentales et du stockage des informations) et la diminution de la matière blanche (transportent des messages entre les neurones et les cellules de soutien. La substance blanche est située sous le cortex cérébral. Ce changement cérébral s’accompagne avec celui hormonal qui se manifeste par la transformation biologique, physique. Ces changements ne sont pas faciles pour l’adolescent puisqu’il vit un changement dans son corps et dans son esprit qu’il ne maîtrise pas. Ceci rend son expérience un peu difficile dans sa façon d’entrer en rapport avec lui et dans sa relation avec les autres, ses paires.[1] Au cours de sa vie, l’adolescent vit un temps de séparation, de recherche de soi et du sens à donner à sa vie. C’est le début de l’apprentissage de la relation avec l’autre différent à accueillir et à respecter.

Dans un article publié sur le site cathobel, on lit :

Entre 12 et 15 ans : l’adolescent  est amené à faire le deuil de l’enfance, du Dieu des parents. Mais attention aux images de suppléance : Dieu le super père imaginé, la Vierge la mère super femme…C’est le moment de la puberté, des pulsions et des grands malaises. Que faire de son corps, comment se situer dans une culture de la pornographie et de la violence ? D’où la nécessité de recadrage, de la découverte des interdits, de l’autorité et de la règle. La 2ème étape se situe  vers 15- 17 ans: c’est le temps de la découverte de choses et de questions nouvelles: où est la vérité, que vais-je devenir, à qui ressembler ? Comment décrypter le mensonge, la duplicité du mal ?  C’est le moment opportun  pour introduire à l’incarnation. Il y a du divin dans l’homme dans tout homme. La Trinité est la plus belle invention de l’humanité : l’amour trinitaire, où un plus un n’égale pas deux, mais trois. Aimer est plus grand que faire l’amour. Il faut apprendre le pardon, passé du vouloir dévorer à la dynamique de l’alliance. Vers 17-25 ans, vient  le temps de l’engagement, de la découverte de l’altérité, et l’apport unique de l’Evangile. Le jeune s’ouvre au monde de la science, de la politique, de la poésie, des lieux de création». [2]

  1. Adolescence et comportements

L’adolescent n’est plus un enfant et ne veut plus que les parents l’assimilent à un enfant mais il n’est pas encore adulte. Ce passage crée chez l’adolescent perplexité, doute, insécurité, une représentation précaire de soi, manque de confiance en soi. L’adolescent souffre parce qu’ « il ne sait pas qui et ce qu’il est réellement, ni quels sont sa place dans le monde et ses buts dans la vie »[3] Ceci provoque chez l’adolescent, de stresse aigue, une faible estime de soi, des sentiments intenses d’inadaptation, de détresse et de vulnérabilité, un état de non existence. L’adolescent sent un manque adaptation comme un échec, ce qui provoque une frustration. Ce vécu peut faire que la relation de l’adolescent avec les parents ou les adultes soit conflictuelle. Il peut se sentir incompris, non aimé donc le besoin de gratification. Toute attente magique conduit inévitablement à la frustration. Face à cette expérience d’incertitude que faire ?

  1. Comment gérer l’étape de l’adolescence ?

 

Il est important que l’adolescent sache que la période de l’adolescence qui commence avec la puberté fait partie de son développement humain. Qu’il n’a rien fait de mal et qu’il est important d’accueillir sa situation sans honte. Pour cela, il a besoin d’être accompagné. Il a besoin d’être rassuré, encouragé par un adulte, c’est-à-dire quelqu’un qui a passé déjà cette étape et qui a une identité stable. L’adolescent a besoin de repère, des personnes adultes qui l’inspirent. Mais souvent, dans cette étape, l’adolescent a un besoin de se retrouver avec des amis qui le ressemble, le groupe d’amis. Aujourd’hui où se trouvent ces amis, sur les réseaux sociaux. Les adolescents se retrouvent entre eux sans une figure de référence, se raconte des histoires, des expériences. Ce n’est pas mauvais mais le drame, c’est que l’adolescent d’aujourd’hui passe beaucoup de temps connecté avec des amis. Malheureusement, ils se partagent des expériences qui ne les construisent pas et qui ne fait qu’augmenter leur angoisse et leur incertitude.

Et il faut faire attention parce que cette étape est décisive dans l’adulte que nous voulons devenir demain. C’est à l’étape de l’adolescence que nous pouvons découvrir notre idéal de vie, notre vocation, notre profession. C’est l’étape où se forment et se fixe le caractère. Il est donc important de se laisser éduquer, d’accueillir des observations, des remarques pour une transformation positive. C’est la période de rêve et d’étude. Un adolescent qui ne prend pas au sérieux ses études risque de devenir un adulte médiocre, irresponsable, incapable de prendre en main sa vie, son histoire, ses responsabilités.

L’adolescent a de nombreux besoins mais il a également beaucoup d’énergie. C’est pourquoi pour bien grandir, il a besoin d’apprendre à dépenser ses énergies au service des autres. « Les adolescents trouvent leur joie et leur épanouissement dans le service et la responsabilité », estime Mgr Christophe Dufour, archevêque d’Aix et Arles.[4] Il arrivera des moments, où vous serez secoués par de violents pulsions sexuelles. Ne vous enfermez pas dans la chambre ou dans les réseaux sociaux. Vous risquez de vous masturber ou de commencer à voir des films pornographiques. Et vous savez que cela ne vous construit en rien au contraire, cet état de chose vous enfonce dans une insatisfaction terrible et vous risquez de commencer à développer les vices, de mauvaises attitudes. Que faut –il fait faire ? Sortez, aller faire du sport, engagez-vous dans un mouvement où vous vous retrouvez pour des activités intéressantes. Et quand vous sentez que vous êtes trop perturbés, aller parler avec un adulte a qui vous avez confiance et qui peut vous donner de bons conseils. Sur notre paroisse, vous avez des exemples. Les prêtres et les sœurs sont également disponibles. Allez-y-vous faire accompagner. Soyez ouverts parce que tout adulte est passé par cette étape et comprends ce qui vous arrive.

Ne soyez pas des personnes de moindres efforts. Viser loin dans vos études, dans votre idéal de vie. Choisissez des modèles de sainteté. Aimer la prière et les sacrements, l’eucharistie et la réconciliation. Le Seigneur même vous rejoint dans ces sacrements et vous donnera la grâce de grandir harmonieusement. Profitez des moments de formation organisée par la paroisse et dans les milieux éducatifs, choisissez de bons amis. Et enfin, soyez serein parce qu’au fil des années vous noterez que c’est normal et vous vous sentirez grandis humainement.

En parcourant un site d’OMS, ce paragraphe a attiré mon attention.

La famille et la communauté sont des soutiens importants. Les adolescents dépendent de leur famille, de leur communauté, de leur école, des services de santé et de leur lieu de travail pour apprendre toute une série de compétences importantes qui peuvent les aider à faire face aux pressions qu’ils subissent et à réussir le passage de l’enfance à l’âge adulte. Les parents, les membres de la collectivité, les dispensateurs de services et les institutions sociales ont la responsabilité à la fois de promouvoir le développement et l’adaptation des adolescents et d’intervenir efficacement lorsque des problèmes se posent ».[5]

Ce lien vital entre l’adolescent, la famille et la communauté humaine est fondamental à mon avis pour un bon développement humain. Don Bosco au début de son œuvre avait cela clair. C’est pourquoi il a élaboré son système  éducatif, le Système Préventif sur trois piliers : la religion, l’affection et la raison.

  1. Jean Bosco et les adolescents de Valdocco

 

A Valdocco, les adolescents que Jean Bosco accueille sont des adolescents souvent en situation difficile, sans famille, sans soutien, de la rue. Comme un bon pédagogue et éducateur, crée un climat : un climat de famille caractérisé par le jeu, la musique, la promenade, le sport. Don Bosco savait que les adolescents ont besoin de cet espace pour gérer leurs énergies débordantes, nouer des relations constructives. Sa présence au milieu de ces adolescents est une présence éducative, paternel. Du coup, les adolescents se sentent aimés. Jean Bosco accueille ceux qui n’ont pas de famille chez lui, leur donne la possibilité d’apprendre un métier, à d’autres, il donne la possibilité d’aller à l’école (Affection). Il instaure une qualité de relation avec ses adolescents, ses jeunes. C’est dans ce climat qu’il fait la catéchèse, accompagne ces adolescents, leur donne envie de confesser leurs péchés. Il les met sur le chemin de la sainteté. L’exemple de Dominique Savio nous en dit long A Vadolcco, Jean Bosco met des affiches partout pour interpeler la conscience de ses adolescents. Jean Bosco était convaincu que sans Dieu, l’éducation est un échec et que la croissance humaine sera authentique avec la grâce de Dieu, de Jésus, Bon Pasteur ! (Religion).   Dans sa façon d’accompagner les adolescents, il va utiliser la raison pour les aider à réfléchir sur leurs mauvais comportements, leurs erreurs, leurs mesquineries. C’est la formation de la conscience (Raison).

Aux éducateurs, Jean Bosco conseille de se faire aimer par les adolescents, les jeunes et le reste ira de soi. Parce que lorsqu’un adolescent a confiance, il est disposé à accueillir des conseils, il devient docile.

  1. Marie Dominique Mazzarello et les adolescentes

 

Marie Dominique Mazzarello dans sa mission éducative a accompagné les jeunes filles qui venaient à l’ouvrir et plus tard celles qui voulaient devenir Filles de Marie Auxiliatrice. Elle avait fait preuve de grande patience, douceur et fermeté maternelle. Elle a su comprendre les filles en crise ou qui vivaient des situations difficiles. A ces attitudes éducatives et maternelles, elle y joint la prière. Elle invoquait et demandait à la communauté de prier pour les filles surtout celles crise. Elle priait Saint Joseph dans le discernement des vocations. Le Système préventif est vécu par Mère Marie Dominique.

  1. Regard de Jésus sur les adolescents

Dans les évangiles, nous retrouvons Jésus et le jeune homme. Qui avait une grande aspiration en vue du royaume.

Et voici que quelqu’un s’approcha de Jésus et lui dit : « Maître, que dois-je faire de bon pour avoir la vie éternelle ? » Jésus lui dit : « Pourquoi m’interroges-tu sur ce qui est bon ? Celui qui est bon, c’est Dieu, et lui seul ! Si tu veux entrer dans la vie, observe les commandements. » Il lui dit : « Lesquels ? » Jésus reprit : « Tu ne commettras pas de meurtre. Tu ne commettras pas d’adultère. Tu ne commettras pas de vol. Tu ne porteras pas de faux témoignage. Honore ton père et ta mère. Et aussi : Tu aimeras ton prochain comme toi-même. » Le jeune homme lui dit : « Tout cela, je l’ai observé : que me manque-t-il encore ? » Jésus lui répondit : « Si tu veux être parfait, va, vends ce que tu possèdes, donne-le aux pauvres, et tu auras un trésor dans les cieux. Puis viens, suis-moi. » À ces mots, le jeune homme s’en alla tout triste, car il avait de grands biens. Et Jésus dit à ses disciples : « Amen, je vous le dis : un riche entrera difficilement dans le royaume des Cieux.[6]

L’adolescence, est le temps de poser des fondations pour sa vie. Jésus nous invite à compter sur lui, à vivre ses commandements. Souvent à l’adolescence, on a du mal à écouter les parents et les adultes. Mais j’entends Jésus dire. Obéissiez aux parents, prenez en compte leurs observations, leurs remarques, écouter les adultes qui vous donnent de bons conseils. Mais cela ne suffit pas. Si vous voulez grandir comme fils et filles de Dieu, mettez Jésus au centre de votre vie. Cet évangile du jeune homme riche me fait penser également à l’évangile qui parle d’un homme qui bâtit sur le roc et celui qui bâtit sur le sable.

Ainsi, celui qui entend les paroles que je dis là et les met en pratique est comparable à un homme prévoyant qui a construit sa maison sur le roc. La pluie est tombée, les torrents ont dévalé, les vents ont soufflé et se sont abattus sur cette maison ; la maison ne s’est pas écroulée, car elle était fondée sur le roc. Et celui qui entend de moi ces paroles sans les mettre en pratique est comparable à un homme insensé qui a construit sa maison sur le sable. La pluie est tombée, les torrents ont dévalé, les vents ont soufflé, ils sont venus battre cette maison ; la maison s’est écroulée, et son écroulement a été complet. ». Lorsque Jésus eut terminé ce discours, les foules restèrent frappées de son enseignement, car il les enseignait en homme qui a autorité, et non pas comme leurs scribes.[7]

Jésus Christ vrai homme et vrai Dieu a vécu l’étape de l’enfance, de l’adolescence et de la jeunesse avant de mourir à 33 ans sur la croix et ressuscité le troisième jour, Mystère que nous contemplons en ces jours d’octave de Pâques.

L’évangéliste Luc nous rapporte cet épisode de Jésus.

Chaque année, les parents de Jésus se rendaient à Jérusalem pour la fête de la Pâque. Quand il eut douze ans, ils montèrent en pèlerinage suivant la coutume. À la fin de la fête, comme ils s’en retournaient, le jeune Jésus resta à Jérusalem à l’insu de ses parents. Pensant qu’il était dans le convoi des pèlerins, ils firent une journée de chemin avant de le chercher parmi leurs parents et connaissances. Ne le trouvant pas, ils retournèrent à Jérusalem, en continuant à le chercher. C’est au bout de trois jours qu’ils le trouvèrent dans le Temple, assis au milieu des docteurs de la Loi : il les écoutait et leur posait des questions, et tous ceux qui l’entendaient s’extasiaient sur son intelligence et sur ses réponses. En le voyant, ses parents furent frappés d’étonnement, et sa mère lui dit : « Mon enfant, pourquoi nous as-tu fait cela ? Vois comme ton père et moi, nous avons souffert en te cherchant ! » Il leur dit : « Comment se fait-il que vous m’ayez cherché ? Ne saviez-vous pas qu’il me faut être chez mon Père ? » Mais ils ne comprirent pas ce qu’il leur disait. Il descendit avec eux pour se rendre à Nazareth, et il leur était soumis. Sa mère gardait dans son cœur tous ces événements. Quant à Jésus, il grandissait en sagesse, en taille et en grâce, devant Dieu et devant les hommes.[8]

            Jésus a vécu l’adolescence. A la fin de la fête, il reste à Jérusalem. Les parents le cherchent angoissés. Mais il n’est pas parti dans le club des amis pour fumer la drogue ou l’alcool avec les amis ou aller lire des revues immorales. Il est parti s’assoir au milieu des docteurs de la loi. Jésus montre ici son intérêt, ce qui l’intéresse, c’est la Parole de Dieu. Il écoute les docteurs de la loi et il commente la Parole de son Père. Mais l’évangile nous dit également que les parents étaient en admiration en le voyant. Est-ce que nos parents sont en admiration en nous voyant ? Est-ce que notre comportement fait dire aux gens, c’est un bon garçon, c’est une fille exemplaire ? « Il descendit avec eux pour se rendre à Nazareth, et il leur était soumis ». Jésus à la soumission, à l’obéissance aux parents, aux adultes interpellent lorsqu’on est dans l’erreur.

Jésus vous comprend et veut vous accompagner dans ce processus de développement humain pour faire de vous des hommes et des femmes de demain, responsables de leurs actes et capables témoigné du Christ.

Conclusion

L’adolescence est une phase riche du développement de la personne humaine. Cette étape a ses caractéristiques, ses joies et ses difficultés. Mais rappelons-nous que c’est un passage. Ce passage est fondamental dans la construction de notre personnalité, dans ce que nous voulons devenir demain, des hommes et des femmes de demain capables d’accompagner d’autres que le Seigneur met sur notre route pour les conduire vers la vie comme nous avons été guidés par d’autres. C’est le temps de la formation du caractère, de la conscience, de la construction et consolidation de bonnes motivations.

Si vous me permettez, je souhaite finir cette brève réflexion par un message du Pape François dans Christus Vivit, l’Exhortation post synodale.

Par ces données des Evangiles, nous pouvons dire qu’à l’étape de sa jeunesse, Jésus s’est “formé”, il s’est préparé pour réaliser le projet que le Père avait pour lui. Il a orienté son adolescence et sa jeunesse vers cette mission suprême. Durant l’adolescence et la jeunesse, sa relation avec le Père était celle du Fils bien-aimé ; attiré par le Père, il grandissait en s’occupant de ses affaires : « Ne saviez-vous pas que je dois être dans la maison de mon Père ? » (Lc 2, 49). Toutefois, il ne faut pas penser que Jésus était un adolescent solitaire ou un jeune enfermé sur lui-même. Sa relation avec les gens était celle d’un jeune qui partageait toute la vie d’une famille bien intégrée dans le peuple. Il a appris le travail de son père et l’a ensuite remplacé comme charpentier. C’est pourquoi on l’appelle une fois dans l’Evangile « le fils du charpentier » (Mt 13,55), et une autre fois simplement « le charpentier » (Mc 6,3). Ce détail montre qu’il était un jeune homme ordinaire de son peuple, qui entretenait des relations normales. Personne ne le considérait comme un jeune étrange ou séparé des autres. C’est précisément pourquoi, lorsque Jésus a commencé à prêcher, les gens ne s’expliquaient pas d’où il tirait cette sagesse : « N’est-il pas le fils de Joseph, celui-là ? » (Lc 4, 22).

Le fait est que « Jésus n’a pas grandi non plus dans une relation fermée et exclusive avec Marie et Joseph, mais se déplaçait volontiers dans la famille élargie incluant parents et amis ». Nous comprenons ainsi pourquoi, revenant de pèlerinage à Jérusalem, ses parents avaient l’esprit tranquille en pensant que le garçon de douze ans (cf. Lc 2, 42) marchait librement avec les autres, même s’ils ne l’avaient pas vu de toute la journée : « Le croyant dans la caravane, ils firent une journée de chemin » (Lc 2, 44). Certainement – pensaient-ils – Jésus était là, allant et venant parmi les gens, plaisantant avec les autres jeunes de son âge, écoutant les récits des adultes et partageant les joies et les tristesses de la caravane. Le terme grec utilisé par Luc pour désigner la caravane des pèlerins – synodia – indique précisément cette communauté en marche dont la Sainte Famille fait partie. Grâce à la confiance de ses parents, Jésus se déplace librement et apprend à marcher avec tous les autres.[9]

Merci pour votre attention. Nous prions et accompagnons tous les jeunes et adolescents. Nous sommes disponibles à être à leur écoute pour leur bon épanouissement. Marie Auxiliatrice, celle qui a accompagné la vie de son Fils et accompagne la nôtre, nous aide.

 

[1] Iroise Dumontheil, La régulation du comportement et des émotions pendant l’adolescence in ˂https://www.youtube.com/watch?v=Sq2l4gXKVBg&t=553s˃, 28 juin 2019.

[2] Cathobel, L’adolescent et la question de Dieu, in ˂https://www.cathobel.be/2012/09/ladolescent-et-la-question-de-dieu/˃, 08-04-2021, 1.

[3] Scerman C. Feinstein, Peter L. Giovacchini, Arthur A. Miller, Psychiatrie de l’adolescent, Presses Universitaires de France, 1982, 210.

[4] La Croix, Éducation et évangélisation des adolescents : un enjeu pour l’Église in ˂https://www.la-croix.com/Religion/Catholicisme/France/Education-evangelisation-adolescents-enjeu-lEglise-2019-03-19-1201009782˃, 08-04-2021, 1.

[5] OMS, Développement des adolescents in ˂https://www.who.int/maternal_child_adolescent/topics/adolescence/dev/fr/˃, 07/04/2021.

[6] Mt 19, 16-23

[7] Mt 7,  24-29.

[8] Lc 42-52.

[9] Pape François, Chistus Vivit, l’Exhortation Apostolique, Librairie Vatican, in ˂ http://www.vatican.va/content/francesco/fr/apost_exhortations/documents/papa-francesco_esortazione-ap_20190325_christus-vivit.html˃, 08/04/2021, n°27-29.